Pour notre article du jour, j’ai envie de te proposer un moment détente au cœur des bains publics japonais. Savais-tu qu’ils sont très répandus là-bas ?
Les bains publics japonais, appelés sentō, occupent une place centrale dans la culture nippone depuis plusieurs siècles. Loin d’être de simples lieux d’hygiène, ils incarnent un véritable art de vivre, mêlant bien-être corporel, détente mentale et vie communautaire. Bien que leur fréquentation ait diminué avec l’urbanisation et la généralisation des salles de bains privées, les sentō continuent d’exister, et connaissent même un regain d’intérêt avec le retour de traditions anciennes.
Sache qu’au Japon, il existe également les onsen, bains thermaux naturels alimentés par des sources volcaniques, jouissant d’un prestige particulier pour leurs vertus thérapeutiques. Plongeons ensemble dans cet univers où l’eau chaude est synonyme de purification, de paix intérieure et de lien social.
Origines religieuses et histoire des sentō
Les bains publics existent au Japon depuis plus de mille ans. Le bouddhisme, arrivé de Chine et de Corée au VIe siècle, encourageait les ablutions comme forme de purification spirituelle. Ainsi, les temples bouddhistes ont été parmi les premiers lieux à proposer des bains collectifs, notamment pour les moines.
Ce n’est qu’au cours du XVIIIe siècle que les sentō se sont démocratisés dans les grandes villes comme Edo (aujourd’hui Tokyo), Osaka et Kyoto. À cette époque, les bains publics étaient mixtes et l’eau n’était pas toujours claire. Au fil du temps, des règles plus strictes d’hygiène et de décence ont été introduites, notamment la séparation des sexes, encore en vigueur aujourd’hui.
Concernant l’âge d’or des sentō, ce fut sans doute la période d’après-guerre, quand la majorité des foyers japonais ne disposaient pas encore de salle de bain privée. Les bains étaient alors des lieux indispensables à la vie quotidienne, mais aussi des espaces sociaux animés où la vie reprenait entre les nuées de vapeur.
Le fonctionnement typique d’un sentō
Pour te décrire un peu l’atmosphère, je dirais que le sentō est généralement un bâtiment discret dans le quartier, reconnaissable à sa cheminée caractéristique (due à la chaudière servant à chauffer l’eau) et à un rideau portant souvent le caractère 湯 (yu, signifiant « eau chaude ») à l’entrée. L’intérieur est sobre, et très codifié.
À l’entrée, on se déchausse pour laisser ses chaussures dans un casier, puis on paie un droit d’entrée souvent dérisoire (autour de 500-700 yens, soit entre 3 et 4 euros). Ensuite, on accède au vestiaire (hommes et femmes étant séparés) où l’on se déshabille complètement. Oui, tu as bien lu, le port du maillot de bain est strictement interdit dans les sentō. On ne garde qu’une petite serviette, souvent posée sur la tête pendant le bain. J’avoue qu’au début ça m’a fait bizarre, mais comme tout, on s’y habitue…
Avant d’entrer dans les bassins, une règle essentielle s’impose : il faut se laver minutieusement. Des rangées de petits tabourets et de douches sont à disposition avec savon et shampoing. Pour ce prix-là, c’est incroyable, non ? Ce n’est qu’une fois parfaitement propre que l’on peut s’immerger dans les bassins, souvent très chauds (autour de 40 à 43°C).
À savoir que les sentō modernes offrent pour la plupart plusieurs types de bains : eau froide, bains à remous, bains électrifiés (qui envoient de faibles décharges pour détendre les muscles), voire un sauna. Certains lieux arborent de magnifiques fresques murales, notamment le célèbre Mont Fuji, au-dessus des bassins. Tentant, non ? Autant te dire que j’y suis allé un certain nombre de fois déjà.
Les onsen : bains dans la nature
Si les sentō sont alimentés en eau chauffée artificiellement, les onsen tirent quant à eux leur eau de sources thermales naturelles, riches en minéraux et aux vertus médicinales. Situés dans des régions volcaniques, les bains de ce type sont très nombreux au Japon. Il en existe plus de 3 000 à travers le pays !
Les onsen peuvent aussi bien être en intérieur qu’en extérieur, et majoritairement dans des cadres naturels magnifiques : en montagne, au bord d’une rivière ou dans des jardins zen. Ils sont très prisés pour leurs effets bénéfiques sur la peau, les rhumatismes, la fatigue et la circulation sanguine. Chaque source a sa composition minérale propre (en soufre, en fer, en sel, etc.) et donc ses indications thérapeutiques.
Cerise sur la gâteau : pour vivre la full experience culturelle, certains établissements sont même intégrés à des auberges traditionnelles, proposant une expérience complète avec tatami, futon et repas kaiseki. Kesako ? Il s’agit de repas agrémentés des saveurs japonaises de saison, présentées sur un assortiment de magnifiques céramiques traditionnelles. Autrement dit, de la haute cuisine japonaise ! Encore plus tentant, pas vrai ?
Un lieu de vie sociale
Pour revenir aux sentō, n’oublions pas de préciser que ce sont des lieux profondément sociaux. Les habitués s’y retrouvent, discutent, échangent les nouvelles du quartier. Il n’est pas rare d’y croiser plusieurs générations réunies dans une atmosphère de simplicité et d’égalité : tout le monde est nu, sans hiérarchie sociale. Je crois qu’il est intéressant d’ajouter ici que si la pudeur est très ancrée en France, elle ne l’est absolument pas dans d’autres pays.
Pour les personnes âgées, se rendre aux bains publics est aussi un moyen de conserver des liens sociaux, de se maintenir en activité et de sortir de l’isolement. De plus, les sentō favorisent une certaine acceptation du corps, loin des canons esthétiques rigides. Cette nudité partagée, dans un cadre respectueux, est vécue comme naturelle et apaisante.
À noter que tout cela est valable également pour les onsen, mais dans une moindre mesure, les deux types de bains étant tout de même bien différents.
Étiquette et respect des règles
Si tu as déjà lu quelques articles ici, tu sais que le respect des règles et des autres est fondamental au Japon. Alors évidemment, cela vaut aussi, et particulièrement, dans les bains publics. Parmi les conditions, on retrouve donc pas mal d’interdictions : d’éclabousser, de nager, de plonger, de garder les cheveux attachés et de tremper sa serviette dans l’eau. Les bains sont un lieu de calme, et parler à voix basse est la norme. Détente oblige…
Une question qui revient régulièrement est celle des tatouages, et je trouvais intéressant d’apporter cette précision, même si je ne suis moi-même pas tatoué : historiquement associés aux yakuza, une bande criminelle organisée, les tatouages sont encore mal vus dans de nombreux bains publics. Toutefois, cette tendance évolue, notamment dans les établissements tournés vers les touristes, où les tatouages sont parfois tolérés ou camouflés à l’aide de pansements.
Une tradition en mutation
Avec la modernisation du pays, il faut savoir que le nombre de sentō a considérablement diminué. Dans les années 1960, on comptait plus de 18 000 établissements ; aujourd’hui, il en reste moins de 2 000 à Tokyo. L’installation de salles de bains dans les logements et le vieillissement des infrastructures expliquent en partie ce déclin. Peut-être le manque de temps en est une raison aussi ?
Cependant, on assiste depuis quelques années à un renouveau de ces bains publics. Par exemple, de jeunes entrepreneurs restaurent d’anciens sentō en y ajoutant des cafés, des galeries d’art, ou des espaces de coworking. Le design, la mixité culturelle, et l’accent mis sur le bien-être global attirent une nouvelle clientèle. Tiens, as-tu lu mon article sur la vie nomade où je parle notamment de coworking ?
De même, le tourisme international contribue à la valorisation des onsen (eau thermale naturelle), perçus comme une expérience typiquement japonaise. Des guides, des pictogrammes multilingues et des campagnes de sensibilisation facilitent l’accès à ces lieux pour les étrangers (je confirme que c’est bien pratique).
J’espère que ce plongeon au cœur des bains publics japonais t’a plu. Tu l’auras compris, qu’il s’agisse du sentō urbain ou du onsen rural, ces lieux invitent à ralentir, à se recentrer, et à s’ouvrir aux autres dans un cadre de respect et d’harmonie. À une époque où le stress, l’isolement et l’hyperconnexion nous guettent, plonger dans un bain chaud à la japonaise offre une pause salutaire… et une belle leçon de sagesse.
Sur ce, je te partage comme d’habitude les liens vers le contenu photo et vidéo de mon aventure un peu folle et bas-carbone au Japon.
C’est par ici pour embarquer avec moi sur les rails :
Instagram | YouTube | TikTok
Et pour ceux qui prennent le train en marche, lisez ici tous les articles précédents.
On se retrouve sur les réseaux sociaux, et la semaine prochaine pour toujours plus d’infos !
Très tentant cet article… Coucou petit cousin Samson, je te suis depuis le début, c’est fort intéressant ce que tu vis… BRAVO et merci pour ces partages dont j’ai chaque semaine hâte de découvrir plus sur le japon.
Prends soin de toi
Pierrot
Oh que oui je suis même en train de me demander comment je vais faire pour m’en passer =S
Merci pour ton soutien Pierrot !